« Salam Transports est une société créée en 2016 par des fils de la diaspora venus investir dans leur pays d’origine, le Sénégal. Leur mission ? Offrir aux Sénégalais un transport longue distance de qualité à un tarif abordable tout en contribuant, à leur échelle, au désenclavement du pays. Originaire de Tambacounda, la famille a naturellement choisi cette région pour lancer ses activités, avec une première ligne reliant Tambacounda à Dakar. D’autres destinations suivront par la suite. »
« Tu es passé de 1 bus à 7 bus en financement propre. Pourquoi tu ne prends pas de crédit ? » Eh bien, Ibrahima Sylla, fondateur de Salam Transport, a une réponse qui va bien au-delà des simples chiffres. Dans un échange inspirant avec Philippe Simo d’Investir au Pays , il nous livre une véritable masterclass sur l’entrepreneuriat dans l’économie halal.
Lorsqu’on lui pose la question, Ibrahima répond simplement : « Tout ce qui est crédit, c’est pas personnel mais c’est une relation avec mon Créateur. ». « Spirituel » , ajoute Philippe. « Nous, chez nous les musulmans on n’a pas le droit… Tu peux donner, je te prête, mais nous ce qu’on n’a pas le droit de faire, c’est le Riba (l’intérêt usuraire). »
Pour lui, le Riba est clairement interdit et il refuse d’y recourir. Mais au-delà du religieux, il partage une philosophie pragmatique et libératrice : « Fais avec ce que tu as ! Tu arnaques l’autre, tu te caches de l’autre… Il n’y pas de Baraka dans cela. » Pensez-y : pendant le Covid-19, Salam Transport a cessé ses activités pendant 4 mois au Sénégal. « Imagine-toi un instant si, je devais de l’argent à la banque. »
Ce qui est précieux pour Ibrahima, c’est « la tranquillité d’esprit. » Il explique : « Quand tu rentres chez toi, tu prends ton coussin, tu dors tranquille. Mais quand le banquier t’appelle, le conseiller t’appelle. Comment tu vas faire ? Pourquoi plein de personnes font des suicides, des divorces. Tout ça c’est parce qu’ils ont les yeux plus gros que le ventre. »
Sa stratégie ? « Pour moi, il faut aller ‘step by step’. J’aurais pu avoir 50 bus. Les banques viennent me voir. J’ai dit non, je ne peux pas. Demain, on casse les 7 bus, je ne dois rien à personne. Mon seul truc c’est ‘Ibrahima, il est reparti à 0’. Je vais faire quoi ? Repartir à 0 ou je dois des millions à quelqu’un ? »
Mais réussir sans crédit, c’est aussi proposer une offre solide. Ibrahima mise sur une stratégie client très claire : confort, climatisation, Wi-Fi, chargeurs pour appareils… « Le client veut le confort, » rappelle-t-il. Une vision centrée sur le service, combinée à une exécution impeccable, voilà pourquoi Salam Transport réussit, même sans financement bancaire.
C’est ça, l’économie halal : une autre manière de penser le succès, centrée sur la durabilité, l’intégrité et la baraka. Bravo à Ibrahima Sylla pour cette inspiration.
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Site Web de Salam Transport